novembre 2008 : première nuit de Médecine
c'est ma première nuit de Médecine, ma première fois avec l'Ayahuasca.
comme les autres, j'ai reçu ma dose dans un petit verre à goutte en forme de chope. Hum, pas terrible, le goût...
la pièce est plongée dans le noir, éclairée seulement par la lueur de la lune par la fenêtre et le rougeoiement des braises dans le brasero.
il n'y a pas un bruit.
j'attends....
soudain, je sens que quelque a changé. j'ai la sensation d'être ailleurs, dans un lieu rond. une image de tepee se forme sur l'écran de mon crâne.
une sensation de déjà vu, déjà vécu cette expérience il y a longtemps, dans un autre temps, un autre lieu, un autre continent.
une voix silencieuse s'élève à l'intérieur de moi : "n'aies pas peur, tu n'as rien à craindre, il ne vas rien t'arriver, le berger est là, il veille"
plus tard dans la nuit, les chants ont cessés, l'agitation s'est calmée, tous ont l'air endormi autour de moi.
je suis bien réveillée, apparemment, la seule à l'être et il me semble que la Médecine a cessé de faire effet.
assise sur mon matelas, le dos contre le radiateur, je considère la pièce autour de moi. pas un bruit, pas un mouvement, je suis entourée de corps inertes.
je m'ennuie
je pense : "si j'étais chez moi, je pourrais faire de la pâtisserie" pensée incongrue : la pâtisserie n'est vraiment pas mon sport favori et jamais cela ne me viendrait à l'idée de me relever la nuit pour en faire !
mon regard balaye la pièce, mes yeux sont ouverts.
soudain, devant moi, apparais un aigle pêcheur, vous savez, l'aigle symbole des Etats Unis. coincé sous son aile gauche, il tient un livre. je distingue le mot "Assimil" sur la couverture.
il me dit : "si tu t'ennuies, apprends le langage de l'Aigle"
il disparaît, me laissant pantoise avec des questions pleins la tête.
à toutes mes relations, je vous aime
martine